Jean-Marc Paubel
Je développe depuis le début des années 2000 une technique très personnelle mettant en oeuvre le papier, de soie notamment, matériau ancestral, et les résines polymères, matériau contemporain, pour créer des oeuvres en volume évoquant l'idée des grandes forces naturelles. Ces oeuvres apparemment minimalistes sont le fruit d'un travail de recherche élaboré au service du sensible.
Les carapaces
carapace - cycle montagnes et eau - bas-relief - acryl et charges minérales et métalliques sur papiers mixtes 100x60 - 2015/2017
Carapace - cycle des montagnes et eau - bas relief - acryl et charges minérales et métalliques sur papiers mixtes - 40x30 - 2016/2017
Carapace - cycle des montagnes et eau - bas relief - acryl et charges minérales et métalliques sur papiers mixtes - 100x56 - 2010/12
carapace - cycle montagnes et eau - bas-relief - acryl et charges minérales et métalliques sur papiers mixtes 100x60 - 2015/2017
Les carapaces en exposition
Photographie : Bernard Pilorge
Photographie : Bernard Pilorge
Les carapaces à l'atelier
Réalisation des carapaces pour l'exposition ORIGIN à la caverne du Pont d'Arc 2016
Les petites montagnes
Acryl et charges minérales et métalliques sur papiers mixtes - 2020 - L50xp30x45
Acryl et charges minérales et métalliques sur papiers mixtes - 2015/2016 - L50xp50xh50
Acryl et charges minérales et métalliques sur papiers mixtes - 2020 - L50xp30x45
La Montagne
Le minéral est au centre de mes préoccupations artistiques depuis plusieurs décennies. Il a envahi ma création par la terre -le grès en l’occurrence- puis paradoxalement au travers du papier. Quelle étrange alchimie que de s’enquérir, par le papier, du roc et de la pierre…
Le retour au dessin depuis trois années m’a plongé à nouveau dans cette énergie du roc et de la montagne. L’étude des artistes lettrés chinois m’a permis d’échapper à l‘anecdote de notre paysage occidental et de la figuration pour revenir à cette approche corrélative entre bas et haut, proche et lointain, allongé et dressé, permanent et impermanent.
Papier, dessin et montagne ont partie liée dans cette quête. En quoi le fragile, le sans forme, le changeant est-il apte à rendre compte de la masse apparemment inexpugnable de la montagne ? En fait, à y bien penser, la montagne n’est pas représentable dans sa globalité, son immuabilité mais dans ses variations, dans la multiplicité des codes esthétiques qu’elle offre à la contemplation. Vouloir représenter un rocher, c’est réduire le champ de ses possibles, de ses variations, de ses occurrences. Vouloir représenter un rocher c’est oublier sa fraternité avec le nuage… La pierre et le nuage ont ceci de commun qu’ils ne se prêtent nullement au stéréotype ; la forme naît de l’informe et y retourne au plus infime changement alentour. Représenter la montagne c’est convoquer sa masse, qu’hélas nous ne saurions embrasser. Invoquer la montagne, c’est mobiliser les énergies de ses contraires : le blanc de ses surfaces et le noir de ses contrastes, le rythme de ses végétations et le lent sommeil de ses ciels de neige…
Le mystère de la montagne réside moins dans ses précipices venteux que dans la dilution de sa masse dans les ciels de brume.
La montagne n’a valeur spirituelle que par l’impossibilité dans laquelle l’on doit être de la cerner, de la réduire à l’état figé de paysage. La montagne n’est pas le fruit d’un point de vue mais la conciliation de forces paradoxales. La montagne n’est pas une conquête mais l’aspiration à une conciliation.
La montagne est une demande, un voeu, qui s’exauce dans la résolution même de ses tensions intrinsèques.