Jean-Marc Paubel
NOIR IMPERIAL 2025
LE NOIR NOUS ABSORBE
Le noir, absence de couleur, absorbe... Il nous attire et nous subjugue.
Selon les théories de la couleur, notamment la théorie additive, celle qui commande à nos écrans, le noir est l’absence de couleurs alors qu’en théorie soustractive, celle de la peinture, il en est la somme.
Pour autant, le noir n’est-il qu’un trou noir, une béance, un absorbeur de couleurs, de lumières, un avaleur d’étoiles ?
Le noir est un vertige, une tête d’épingle ultra massive, porte ouverte entre les multivers, peut-être.
Loin d’être éthéré et immatériel, manifestation d’un vide glacial et ténébreux, il semblerait que sa densité et sa masse agrège le corps des étoiles mortes et écroulées et détermine l’ordre de nos univers.
Si l’on dépasse un peu les croyances et les superstitions, qu’on l’interroge, le soupèse à l’aune du sensible, de l’âme et de la main réunies, d’un regard d’artiste ou de rêveur, le noir s’enrichit soudain d’un esthétisme raffiné, d’une sobriété et d’un rapport complexe et paradoxal aux matières et à la lumière.
Le noir dans sa chambre obscure fait naître des rêves de lumière que nous rêvons avec ferveur, dormeurs mal debout que nous sommes.
Jean-Marc Paubel
(texte pour le catalogue du projet Noir Impérial et argument pour l'étude de la scénographie artistique de l'exposition)
"Ménine"
sculpture art papier et tissu, fragments végétaux/patine d’oxyde de fer noir
190 x 90cm sur pied métallique (détail)
La création est une aventure personnelle. Chaque oeuvre me construit, m’augmente.
Néanmoins, pour moi, le projet artistique n’est pas qu’une construction en face à face, une introspection mais il s’agit surtout d’une évolution, d’une confrontation à mes limites et surtout aux univers artistiques des autres.
Noir Impérial aura été pour moi une nouvelle occasion de remettre en question mes pratiques, ma technique, mon inspiration mais surtout de participer encore à une aventure collective, à une aspiration partagée par un groupe autour d’une idée de création et de confronter cette oeuvre collective à ce lieu, cet espace du Musée de Fourvière.
Cet espace, nous l’avons ressenti, mesuré, représenté, dessiné, vécu, interprété avec Françoise Souchaud durant des mois afin de donner corps à ce rêve collectif. Faire corps, telle est ma vision de la scénographie d’art et c’est aussi une parabole de mon idée de la création : donner forme concrète à une idée et/ou des sensations et à une dynamique artistique partagée.
Présentation du livre d'artiste
"Livre des Runes" dans l'exposition
Le jeudi 20 juin 2024 de 15 à 21 heures, le dimanche 23 juin de 10 à 14 heures, le samedi 29 juin de 10 à 14 heures et le vendredi 5 juillet de 14 à 19 heures
Livre des Runes
La création d’un livre d’artiste, livre objet unique, est un exercice très particulier. J’y ai passé plusieurs mois. Observer d’abord l’objet artisanal original, son papier fait de papiers recyclés. Puis décider d’un sujet, Les Runes, et démarrer une narration. Mon choix premier a été de créer des monotypes noir et blanc sur papier Whenzou. Puis de maroufler ce papier très fin sur le papier du livre original. Cette première trame graphique posée, se faisaient jour deux nécessités à mener de front : celle de la narration et celle de l’appropriation et du dépassement du support. Des récits visuels et plastiques devaient se développer au fil des pages, bien au-delà de la narration. Matières papier et lavis devaient donner vie à un récit sans mots, une jubilation des matières et des couleurs.
Exposition "Runes sauvages" Chapelle de l'Ile Barbe avec Souchaudartproject
Les Runes
Paysages écrits
Grands lavis 2023/2024
« Les Runes » paysages écrits grand triptyque 2024 - lavis de pigments et d’oxydes sur papier Fabriano 300g pur chiffon - 3x140x60
Mon cycle des lavis de Montagnes, en 2023, était une première étape de retour à la couleur. Ces lavis des Runes que j'aborde cette année m'amènent à réorienter ma gamme chromatique mais surtout à me re-questionner au niveau formel sur le comment intégrer l'idée de l'écrit dans un langage plastique, question dejà abordée en 2016 pour mes pièces en volume destinées à l'exposition ORIGIN à la grotte Chauvet 2 à Vallon Pont d'Arc. Dans ce cycle des Runes, j'essaie d'accompagner le passage à la couleur en intégrant une structure formelle robuste qui rappelle l'écrit et, sans se figer, finit par former paysage... Des paysages écrits... Les Runes sont indissociables pour moi du langage originel, du minéral et de la roche le tout baigné d'une lumière "fossile".
"Les Runes", paysages écrits - 2023/2024
Grand diptyque 2x140x60 - lavis d'oxydes et de pigments sur papier chiffon Fabriano 300 grammes.
"Les Runes", paysages écrits - 2023/2024
Grand diptyque 2x 89x30 - lavis d'oxydes et de pigments sur papier chiffon Fabriano 300 grammes.
Lavis de petit format
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